Visioconférence Belles Feuilles avec Jean-Pierre Jouyet

A l’occasion de la réunion Belles Feuilles du 9 novembre et la sortie de son nouveau livre « L’Envers du décor » (Albin Michel, octobre 2020), l’Institut Aspen France et Henner ont eu le plaisir d’accueillir Jean-Pierre Jouyet, Président d’honneur de l’Institut Aspen France, ancien ambassadeur de France à Londres, et ancien secrétaire général de la Présidence de la République, pour une discussion sur le thème « Réflexions sur 40 ans au service de la France : de Delors à Sarkozy, Hollande et Macron».

 

Dans cette visioconférence, au terme de sa carrière politique, Jean-Pierre Jouyet nous apporte quelques réflexions sur le fonctionnement de l’administration française. Au cours de ses quarante ans en tant que fonctionnaire, Jean Pierre Jouyet affirme malheureusement ne jamais avoir vu de grandes transformations dans l’administration française. La France est passée au quinquennat, le monde s’est digitalisé, mais l’administration française reste lente et bureaucratique, ce qui la rend souvent impuissante face aux crises, comme celle du COVID. Jean-Pierre Jouyet défend donc une modernisation de l’administration, la rendant plus autonome et apte à prendre des décisions. Il affirme que, malgré l’effort récent de décentralisation, les liens entre l’administration locale et centrale restent très fragiles, l’administration centralisée ne fait pas confiance à l’échelon local. Il appelle à une plus forte coordination interministérielle, lamentant le fait que les informations ne circulent pas assez vite entre les différentes institutions.

 

Selon Jean-Pierre Jouyet, l’administration française n’a pas un problème de personnel, les cadres publics étant extrêmement compétents et reconnus même à l’international, mais structurel. La rigidité des institutions françaises empêche le travail des cadres. Il reconnait l’importance de réformer l’ENA, mais défend l’existence de l’institution et son rôle central dans la formation de hauts fonctionnaires de qualité en France. Enfin, cette discussion se termine avec une réflexion sur le rôle des think-tanks en France. De son côté, Jean-Pierre Jouyet est optimiste, il considère que la France rattrapera l’Angleterre et les Etats-Unis et que les centres de réflexions non-gouvernementaux, comme l’Institut Aspen France, auront de plus en plus de voix dans la politique française.

 

 

Jean-Pierre Jouyet est né le 13 février 1954. Il est titulaire d’un DEA de droit public, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, et ancien élève de l’Ecole nationale d’administration, promotion «  Voltaire ».

Inspecteur des Finances, il est chef de bureau puis sous-directeur au service de la législation fiscale du Ministère de l’Économie et des Finances entre 1980 et 1988. Il rejoint ensuite Roger Fauroux, Ministre de l’Industrie, du Commerce extérieur et de l’Aménagement du territoire en qualité de Directeur de cabinet jusqu’en 1991. De 1991 à 1994, il est Directeur-adjoint de cabinet de Jacques Delors, Président de la Commission européenne, puis devient son Directeur de cabinet jusqu’en 1995. Jean-Pierre Jouyet rejoint alors le cabinet « Jeantet et associés » de 1995 à 1997 comme avocat-associé avant d’être nommé Directeur-adjoint de cabinet de Lionel Jospin, Premier ministre. Entre 2000 et 2004, il est Directeur du Trésor, ambassadeur chargé des questions économiques internationales au Ministère des Affaires étrangères, puis devient Président de Barclays Bank France de 2004 à 2005. Il retrouve alors le Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie où il assume la fonction de Chef du service de l’Inspection générale des Finances.

En 2007, le président Nicolas Sarkozy le nomme Secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes. Entre 2008 et 2012, il dirige l’Autorité des marchés financiers (AMF), puis devient Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations et Président de la Banque Publique d’Investissement de 2012 à 2014. Jean-Pierre Jouyet est alors nommé Secrétaire général de la Présidence de la République par le président François Hollande jusqu’à 2017.

De 2017 à 2019, il est désigné pour assumer les fonctions d’Ambassadeur de France auprès du Royaume-Uni avant d’être nommé Ambassadeur Représentant permanent de la France auprès de l’OCDE.

Jean-Pierre Jouyet est président d’honneur de l’Institut Aspen France et fut président du Conseil d’administration de l’Institut Pasteur.

Il a co-écrit « N’enterrez pas la France » avec Philippe Mabille en 2007 (Robert Laffont) et « Une présidence de crises » avec Sophie Coignard en 2009 (Albin Michel). Jean-Pierre Jouyet est également l’auteur de « Nous les avons tant aimés » (Robert Laffont, 2010) et « Ils ont fait la révolution sans le savoir » (Albin Michel, 2016).  In 2020 il publie « L’envers du décor : dans l’intimité de nos présidents » (Albin Michel, octobre 2020).

Jean-Pierre Jouyet est Officier de l’Ordre de la Légion d’Honneur et Officier de l’Ordre National du Mérite.

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