Visioconférence Belles Feuilles avec Pascale Witz

A l’occasion de la réunion Belles Feuilles du 23 février et la sortie de son livre « La Tech va humaniser la santé » (Debats Publics Editions, janvier 2021), l’Institut Aspen France et Henner ont eu le plaisir d’accueillir Pascale Witz, Présidente de PWH Advisors, pour une discussion sur le thème : « Faut-il miser sur la Tech pour mieux soigner ? ».

Forte d’une carrière auprès des grandes industries de la santé, Pascale Witz a toujours travaillé près de l’innovation médicale. Dans son livre La Tech va humaniser la santé, paru en ce début d’année, elle démontre la nécessité d’utiliser les nouvelles technologies dans le domaine médical. Pour elle, la tech et la biologie convergent et l’innovation médicale s’ajoute à l’innovation technologique. Elles se synergisent. Son livre illustre comment la « tech » permet aujourd’hui de démocratiser l’innovation médicale et surtout d’humaniser la santé.

De fait, les nouvelles technologies permettent de faire gagner beaucoup de temps aux professionnels de santé, se focalisant davantage sur les diagnostics et les relations avec leurs patients que sur les formalités administratives. De plus, ces diverses technologies peuvent développer des diagnostics plus précoces et donner des outils de contrôle et de gestion de leur santé aux patients. Ces technologies vont de la connectivité, à l’utilisation de l’intelligence artificielle en passant par le stockage et l’analyse d’un nombre colossal de données. Ces technologies sont au service du patient et des professionnels de la santé.

C’est pourquoi Pascale Witz défend les avantages de l’introduction des nouvelles technologies dans la médecine. Il ne faut pas avoir peur des données comme on peut le voir aujourd’hui en France. La médecine a besoin de données et d’informations et la technologie permet de rendre ces données sures et confidentielles.

Pascale Witz prend l’exemple des patients qui peuvent désormais être médicalement surveillés depuis chez eux grâce à des mini-capteurs connectés collectant des données sur l’état du patient au cours de la journée et qui les envoie en temps réel aux médecins. Cela permet aux patients de rester chez eux tout en bénéficiant d’un suivi médical et surtout cela permet de dégorger les hôpitaux et aux médecins de se consacrer aux patients qui sont les plus gravement touchés. Ainsi, Pascale Witz note que les patients sont de plus en plus acteurs de leur santé.

Par ailleurs, ces technologies ont permis des progrès colossaux dans la recherche médicale et on a pu notamment le constater avec la création des vaccins à ARN messager. L’utilisation de cette technologie pour réaliser les vaccins n’aurait pas été possible il y a quelques années. Cela s’est produit grâce à la démocratisation des méthodes de séquençage du génome humain. Ces méthodes coûtent beaucoup moins chères aujourd’hui et ont permis d’énormes progrès dans la connaissance du corps humain. Pascale Witz précise que les vaccins Pfizer et Moderna, utilisant la technologie de l’ARN Messager, et qui sont les premiers vaccins mis sur le marché, ont investi dans cette technologie, sur laquelle ils travaillaient déjà depuis plusieurs années.

Dans la production et la création des vaccins contre le covid-19, les laboratoires ont tous utilisé des technologies qu’ils maîtrisaient déjà afin de gagner du temps. C’est ce qui explique les différences d’efficacité entre vaccins et, entre autres, l’échec du laboratoire Sanofi, dans la production d’un vaccin. Néanmoins, personne n’aurait pu savoir à l’avance si les vaccins à ARN Messager allaient fonctionner.

Pascale Witz souligne à quel point la fabrication d’un vaccin est difficile. Cette fabrication utilise des lignes de productions spécifiques, comme la plupart des médicaments biologiques innovants développés ces dernières années. L’explosion de ces nouveaux médicaments a fait que la production était déjà très tendue avant la pandémie. Toutes les lignes de production ont ainsi été mise à contribution dans le monde. Certes, il y a eu une course aux vaccins mais aussi une collaboration globale qui ne doit pas être sous-estimée.

Sanofi a été beaucoup critiqué pour ne pas avoir été en mesure de délivrer un vaccin alors que c’est un des plus gros laboratoires au monde. Cependant, ce constat soulève une autre question dans la recherche médicale, celle de l’investissement dans l’innovation et le développement en Europe. On a une diversité de biotechs dynamiques en France et en Europe mais qui manquent cruellement de financements. Les biotechs coûtent très chers et l’Europe ne dispose pas d’écosystème d’innovation dans le domaine. Le centre mondial de la recherche est à Boston, qui concentre 80% des financements en biotech dans le monde.

Pour Pascale Witz, la création d’un écosystème nécessite la collaboration de partenaires privés et publics sur le long terme et d’investissements importants. La France dispose de chercheurs de grande qualité et de startups innovantes mais ne parvient pas à garder ces chercheurs en France à cause de l’absence de ce type d’écosystème. Cependant, grâce à la tech, Pascale Witz pense que la France à un vrai atout à jouer dans les années qui viennent pour créer un son écosystème de biotechs européen.

 

 

Pascale Witz est Présidente et fondatrice de PWH Advisors, un cabinet de conseil stratégique aux entreprises et investisseurs du monde de la santé. Elle a été membre du comité exécutif de Sanofi et Directrice Générale d’une société pharmaceutique acquise par GE Healthcare, ou elle a passé 17 ans.

Pascale a été leader d’opinion dans l’industrie, encourageant l’utilisation de l’IA et de la Technologie pour améliorer l’efficacité des traitements au niveau individuel. Elle a mis en place la JV entre Sanofi et Google/Verily pour le Diabètes en 2016. Pascale est Administratrice de plusieurs sociétés (USA, Allemagne, France), et conseille des dirigeants de Biotech et de MedTech. Elle est Ingenieur Biochimiste (INSA Lyon) et est titulaire d’un MBA de l’INSEAD.

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