Visioconférence Belles Feuilles avec Alexis Karklins-Marchay

A l’occasion de la réunion Belles Feuilles du 6 avril et la sortie de son livre « Notre monde selon Balzac : Relire La Comédie humaine au XXIème siècle » (Ellipses, 2021), l’Institut Aspen France et Henner ont eu le plaisir d’accueillir Alexis Karklins-Marchay pour une discussion sur le thème : « La Comédie humaine en 2021 : prophétique Balzac ».

Alors qu’il ne lui restait qu’un souvenir relativement négatif d’Honoré de Balzac, étudié au collège, notre invité l’a redécouvert avec plaisir à l’occasion de la lecture du médecin de campagne. Il y découvre un véritable traité d’économie où y figure à la fois l’importance des infrastructures, l’éducation, les échanges et questions d’exportation.

Émerveillé par ces analyses économiques, Alexis Karklins-Marchay se lance alors dans un projet d’écriture « Balzac à Bercy » avant de préférer revisiter l’immense œuvre de Balzac, La Comédie humaine qui couvre à la fois des thèmes économiques, mais aussi sociétaux et culturels. Trois grands thèmes sont alors mis en avant par notre invité afin de parcourir cet ouvrage d’une longueur équivalente à près de 90 livres. Il détaille ainsi la France selon Balzac, l’économie selon Balzac et enfin sa vision de la société.

Pour lui, la diversité des sujets abordés par Balzac, le détail de ses observations et la finesse de ses analyses font de lui un des auteurs incontournables de son siècle. De plus, sa capacité à offrir un tableau très détaillé de son époque et à décrire des phénomènes sociaux nous invite à reconnaître notre propre société dans ses mots et d’y identifier les mêmes problématiques.

Alain ou Engels avaient eux aussi déclaré avoir réellement compris l’histoire et l’économie en lisant Balzac. Balzac avait une véritable passion pour la civilisation française. Il connaissait l’histoire de tous les gouvernants français qu’il cite abondamment, dont notamment Napoléon Bonaparte. Il aimait la peinture, les arts, la littérature et fréquentait toutes les grandes plumes de l’époque, comme Victor Hugo.

Pour Balzac, la France est un peuple chauvin, régionaliste, inconstant, méfiant et souvent trompé par des idées généreuses. Un des traits qui le dérange le plus est la passion pour l’égalitarisme des français, un sentiment qui existe depuis la révolution. Il reconnait également que les français ont beaucoup de problèmes avec les lois, qui sont à son sens trop nombreuses, et sont pensées par un État central très loin des réalités du peuple. Balzac juge aussi la fiscalité et l’administration française avec sévérité car il les trouve trop lourdes, elles auraient coûté aux français toutes leurs plus grandes conquêtes selon lui.

D’un point de vue économique, notre invité explique à quel point dans La Comédie humaine, Balzac valorise la liberté économique et l’autonomie rurale. Libéral, Balzac est souvent critique du rôle de l’État dans l’économie. Il décrit longuement ceux pour qui il a une grande admiration, les entrepreneurs. Il a cette capacité à décrire toutes les qualités, les compétences ainsi que les défauts des entrepreneurs. Ses écrits sont avant-coureurs et offrent une approche de l’économie très approfondie à travers des récits de villages, d’hommes et de femmes qui entreprennent. On peut y percevoir la naissance de ce que l’on connait aujourd’hui comme le marketing, la publicité, le recours aux influenceurs ainsi qu’à l’importance des logos sur les produits. Il donne également une analyse riche sur la finance et critique la bourse.

Balzac dépeint également les valeurs de son époque. Il écrit pendant la monarchie de juillet et décrit l’individualisme pendant cette période et le monde du chacun pour soi. Il parle du journalisme comme de la nouvelle religion des sociétés modernes même s’il redoute les journalistes, souvent victimes de conflits d’intérêt. Il va même jusqu’à souligner leur médiocrité dans le recours à ce qu’il appelle un « canard », ce que l’on traduirait aujourd’hui par fake news.

Enfin, Alexis Karklins-Marchay revient sur un Balzac féministe, peu connu. Il a écrit deux livres qui révèlent son féminisme avant l’heure : La femme de 30 ans et Mémoires de deux jeunes mariés.  Deux ouvrages dans lequel il fait le portrait de femmes indépendantes, qui font des choix différents des rôles que la société leur impose. Ces ouvrages témoignent encore une fois de l’esprit moderne et avant-gardiste de ce grand homme du XIXème siècle, Honoré de Balzac.

Alexis Karklins-Marchay est Associé et Directeur Général Délégué du cabinet de conseil Eight Advisory depuis 2013.

Ancien responsable mondial des activités d’évaluation financière d’un cabinet d’audit international, spécialiste de la valorisation de marques, il intervient régulièrement dans les médias pour commenter l’actualité économique (BFM, BBC, Bloomberg,…).

Spécialiste des transactions et d’évaluation financière, il accompagne depuis plus de vingt ans les entreprises dans leurs projets de développement.

Franco-américain, diplômé en finance de Paris-Dauphine (1989-1992), il est auteur de plus de soixante articles de finance, d’histoire et d’économie ainsi que d’ouvrages de théorie économique.

Il est chargé d’enseignement en finance à l’ESCP Europe et à l’Université de Caroline du Nord (États-Unis).

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