Visioconférence avec Yves Perrier, Directeur général, Amundi

Jeudi 4 février 2021, l’Institut Aspen France et EY ont eu le plaisir d’accueillir Yves Perrier, Directeur général d’Amundi et Président du Comité Médicis, pour un déjeuner géopolitique par Zoom sur le thème : « Souveraineté financière et capitalisme responsable : Une chance pour l’Europe ? ».

Contrairement à ce que certains observateurs ont pu affirmer, la pandémie de COVID-19 n’a pas fait basculer l’économie dans un nouveau paradigme et détruit les principes et mécanismes de la mondialisation. Pour Yves Perrier, la crise sanitaire que nous connaissons depuis l’année 2020 a agi comme accélérateur de tendances structurelles qui étaient déjà à l’œuvre.

En effet, Yves Perrier fait état d’une nouvelle ère de la mondialisation où le centre de gravité économique s’est déplacé. De fait, alors que nous étions depuis l’effondrement du bloc soviétique sous une gouvernance mondiale dominée par la puissance américaine et les valeurs occidentales, la crise de 2008 et la crise sanitaire de 2020 ont remis en question ce modèle. Pour lui, ces deux crises ont permis de mettre en lumière l’évolution de la mondialisation. Il y a 30 ans, le monde occidental correspondait à 22% de la population de la planète pour 2/3 du PIB mondial alors qu’aujourd’hui, le monde occidental ne représente plus que 15% de la population et 37% du PIB mondial. Cette réalité appelle à un autre constat : nous sommes désormais dans un ordre multipolaire dont le centre de gravité s’est déplacé vers l’Asie, notamment la Chine, l’Inde et les autres pays d’asie émergents.

Cette nouvelle phase de la mondialisation a d’autres conséquences. Sur le plan politique, on observe un retour des stratégies de puissance nationales avec des puissances régionales de plus en plus affirmées. De plus, cette nouvelle mondialisation a également propulsé sur le devant de la scène le fait écologique et la question de la transition énergétique. Yves Perrier explique ainsi que le monde multipolaire dans lequel nous évoluons désormais est plus imprévisible, plus incertain et plus complexe, structuré par des stratégies de puissance et en même temps confronté à des questions d’ordre universel : les questions sociales et écologiques.

Quelle place pour l’Europe dans cette réalité ? Notre invité répond qu’il s’agit avant tout d’une question de volonté. L’Europe doit dès aujourd’hui se doter des moyens de mettre en œuvre son autonomie stratégique afin de répondre à la fois aux défis économiques et financiers tout en maintenant son modèle social et politique.

Pour cela, Yves Perrier identifie plusieurs éléments à prendre en compte. D’abord, pour répondre aux défis de la transition énergétique, il faut avoir une stratégie de long terme et mettre en place des stratégies industrielles à 30 ou 40 ans. Après avoir laissé un capitalisme à dominante financière et court-termiste dirigé les politiques économiques et avoir constaté ses dégâts après la crise économique de 2008, remettre « la finance au service de l’économie est essentiel » pour le Directeur général d’Amundi. Deuxièmement, il souligne l’importance de faire émerger des normes européennes qui répondent à des exigences politiques et morales mais qui sont aussi un moyen de la bataille concurrentielle. Elles vont définir le rôle des entreprises au service de l’intérêt général. Le rôle des entreprises n’est plus seulement de maximiser la valeur pour les actionnaires mais elles se voient aussi assignées une responsabilité vis-à-vis de la société. Enfin, l’Europe doit davantage se tourner vers un investissement productif grâce à l’épargne des européens qui est très importante, c’est un levier décisif sur l’économie.

Ainsi, l’Europe est à la croisée des chemins sur ces questions de normes et de souveraineté. Souhaite-elle restée uniquement un grand marché ou avoir une autonomie stratégique et jouer un rôle déterminant dans l’économie mondiale ? Pour notre invité, plus que jamais « l’avenir de l’Europe dépendra de la volonté d’être autonome, et ensuite de la capacité de sa mise en œuvre ».

 

Yves Perrier est Directeur Général Adjoint de Crédit Agricole S.A. en charge du pôle Epargne, Assurances et Immobilier.

A ce titre, il est Directeur Général d’Amundi et supervise les activités de Crédit Agricole Assurances et de Crédit Agricole Immobilier.

Il est membre du Comité Exécutif de Crédit Agricole S.A. depuis 2003.

Yves Perrier avait pris, en septembre 2007, la responsabilité du pôle Gestion d’Actifs et Services aux Institutionnels de Crédit Agricole S.A, en tant que Président Directeur Général de Crédit Agricole Asset Management (CAAM) et Président du Conseil de surveillance de CACEIS. En 2009 il a conduit la fusion des activités de gestion d’actifs du Crédit Agricole (CAAM) et de la Société Générale (SGAM) pour créer Amundi dont il a été nommé Directeur Général le 1° janvier 2010. De 2007 à 2015, il a également supervisé les activités d’administration de fonds et de conservation du groupe Crédit Agricole S.A. (CACEIS)

Yves Perrier était auparavant Directeur Général Délégué de Calyon (aujourd’hui CACIB) en charge des métiers de Financements Structurés, Brokerage, Risques, des fonctions support et du réseau international.

Il a commencé sa carrière dans l’audit et le conseil pendant 10 ans. Il a rejoint la Société Générale en 1987, dont il a notamment été le Directeur financier (1995-1999), puis le Crédit Lyonnais en 1999 où il était membre du comité exécutif du Crédit Lyonnais, en charge des Finances, des Risques et de l’Inspection générale (1999-2003).

Yves Perrier est Président d’honneur de l’AFG – Association Française de Gestion Financière.

Yves Perrier a été distingué pour l’année 2017 CEO of the Year par la revue britannique Financial News qui décerne les awards de référence de l’industrie de l’Asset management en Europe. Il a également reçu le European Outstanding Achievement Award lors des Funds Europe Awards en 2018.

Yves Perrier est Chevalier de la Légion d’honneur et Officier de l’ordre national du Mérite.

Né en 1954, Yves Perrier est diplômé de l’ESSEC et Expert Comptable.

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