Visioconférence avec Jean-Marie Guéhenno

Le « premier XXIe siècle » , comme la première version d’un logiciel insuffisamment testé, révèle chaque jour de nouvelles failles : nous sommes loin du triomphalisme qui saisit lesdémocraties en 1989 quand le mur de Berlin est tombé. L’individu qui croyait changer le monde est de plus en plus écrasé par lui. Il a perdu confiance dans la politique, et l’utopie identitaireremplace l’utopie politique.

Comment en est-on arrivé là dans des sociétés aussi différentes que l’Amérique de Trump, le Brésil de Bolsonaro, l’Inde de Modi ou le Royaume-Uni de Boris Johnson ? Jean-Marie Guéhenno va au-delà des explications économiques : la crise des démocraties – à laquelle l’élection de Biden ne met pas fin – est une crise des sociétés. Une société qui n’est plus définie que par une seule dimension – que ce soit celle de la réussite matérielle, de la nation, ou de la religion – est une société malade.

Cette crise se produit alors que le nouvel « âge des données » de l’internet et de l’intelligence artificielle bouscule les hiérarchies du savoir et de la puissance ; comme l’invention du livre, il peut conduire à une Seconde Renaissance, riche de promesses, mais aussi de conflits. La Chine et les entreprises géantes de l’internet, avec des objectifs différents et chacune à leur manière, développent une capacité de contrôle des esprits qui fait secrètement envie à des individus auxquels leur propre liberté fait peur, mais peut aussi déboucher sur des confrontations violentes.

Un autre avenir est possible : une écologie repensée, des institutions qui organisent une nouvelle séparation des pouvoirs, une Europe qui ne cherche pas à être un super-Etat, sont quelques-unes des voies explorées par ce livre ambitieux et novateur.

Ces sujets et les questions qu’ils soulèvent ont été évoqués avec Jean-Marie Guéhenno lors d’une réunion par visioconférence.

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Jean-Marie Guéhenno est le fils de l’écrivain Jean Guéhenno (de l’Académie française) et de la résistante et écrivaine Annie Guéhenno. Il est ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et agrégé de Lettres modernes. Il a été auditeur à la Cour des Comptes à sa sortie de l’École nationale d’administration (ENA), en 1976, puis conseiller référendaire et Conseiller-Maître.

Il a été Secrétaire général adjoint des Nations unies, chargé des opérations de maintien de la paix, d’octobre 2000 à juillet 2008. Il est actuellement professeur à l’Université Columbia. Il est également associé à la Brookings Institution et au Center on International Cooperation de New York University.

Jean-Marie Guéhenno a passé une partie de sa carrière au Ministère des Affaires Étrangères, où il a occupé successivement les fonctions de membre du Centre d’analyse et de prévision de 1979 à 1981, de Conseiller culturel de l’Ambassade de France aux États-Unis de 1982 à 1986, de chef du Centre d’analyse et de prévision de 1989 à 1993, et de représentant permanent de la France auprès de l’Union de l’Europe occidentale de 1993 à 1995.

Il a été président de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), en France, de 1998 à 2000. De 1999 à 2000, il a également été membre du Conseil consultatif sur les questions de désarmement des Nations unies.

Jean-Marie Guéhenno est officier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne.

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