Des Hommes qui lisent avec Maud Bailly, CEO Europe du Sud, Accor

Le 19 mars 2021, l’Institut Aspen France a eu le plaisir d’accueillir Maud Bailly, CEO Europe du Sud chez Accor, lors de la cinquième édition de la série « Des Hommes qui lisent : Les influences intellectuelles des décideurs » à l’Hôtel Scribe et en visioconférence.

Sa rencontre avec la lecture, Maud Bailly la doit à sa mère, enseignante de lettres modernes. La CEO Europe du sud au sein du groupe Accor regrette l’antagonisme qui existe entre les lettres et le monde de l’entreprise. La société scinde les formations littéraires des formations scientifiques depuis des décennies alors que ce n’était pas le cas auparavant. Les hommes de lettres étaient également des grands scientifiques, à l’instar de Pascal, Aristote ou Léonard de Vinci. Pourquoi devrait-on les opposer ? Pour Maud Bailly, les sociétés qui segmentent deviennent dangereuses. Elle préfère ainsi le terme d’« humanités » qui englobe davantage tous les savoirs.

Comment choisir les mots ? Le souci du mot juste et la conscience de leur impact est essentiel. Pour Maud Bailly, il y a une notion d’engagement dans les mots. Elle croit beaucoup à la sincérité et à l’intelligence émotionnelle dans les mots. Le management moderne doit parler vrai et avec sincérité au risque de bouleverser le système. On peut réussir à communiquer et à avoir un discours de vérité en tant que manager sans participer à une communication corporate et policée.

Selon elle, il y a trois grandes choses mal-nommées dans nos sociétés actuelles :

  • Les jolies choses.
  • L’émotion. Nommer les émotions qu’elles soient positives ou négatives
  • Le nous. Nommer un nous, une ambition de vivre-ensemble, un pacte sociétal.

Notre invitée est très attachée à Pascal et au choix des mots. Le parler juste de Pascal est très important pour elle. Il a une forme d’ascèse dans le langage, une économie du verbe avec l’exigence de la poésie. Il a un vrai sens de la formule. Il compresse les mots jusqu’à en extraire l’essence et il pratique un art de la chute et de la concision. Maud Bailly considère Pascal comme un auteur qui donne de l’optimisme. Il parle de finitude, de grandeur et de misère, de fragilité mais au fond dans cette fragilité absolue, la conscience de cette finitude nous rend plus fort car selon lui : « Toute notre grandeur consiste donc à bien penser ».

On a besoin de sens, de communautés d’appartenance et aujourd’hui la peur et la distanciation nous fait beaucoup de mal. Elle pense donc qu’il est important de se reconnecter à une forme de transcendance dans ce contexte, notamment à travers la lecture ou la poésie.

Maud Bailly aime beaucoup la poésie, elle laisse respirer, elle fait chanter. Selon elle, nous sommes dans une société d’obésité informationnelle, alors quand on se réfugie dans un vers, on laisse notre esprit respirer. La poésie c’est une forme de méditation et de prière moderne. La poésie c’est aussi apprendre la puissance d’évocation des mots, leur musicalité. Et elle ne pense pas que ce soit réservé à une élite.

La poésie est d’ailleurs enseignée aux enfants pour leur insuffler l’amour des mots. Cet amour des mots peut aussi venir par la musique, et notamment par le rap et le slam qu’elle apprécie particulièrement. De fait, ce sont les mêmes sujets percutants qui sont évoqués par les rappeurs, qui sont des troubadours des temps modernes. Pour elle, le rap est une poésie qui danse.

Maud Bailly débute ses études de lettres modernes à l’Ecole Normale Supérieure, avant de poursuivre en Master Administration publique à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Diplômée de l’Ecole Nationale d’Administration, elle débute sa carrière en 2007 à l’Inspection Générale des finances où elle effectue plusieurs missions d’audit stratégique et financier en France et à l’étranger, notamment pour la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International.

Elle rejoint en 2011 la SNCF où elle passe la certification sécurité des circulations avant d’être nommée Directrice de la Gare Paris-Montparnasse, ainsi que Directrice déléguée de l’animation du produit TGV sur la région de Paris Rive Gauche. En 2014, elle devient Directrice des trains, en charge de l’animation du réseau et de la transformation du métier des 10 000 contrôleurs et des 3 000 agents d’escale, dans un contexte de profonde digitalisation et d’évolution de la relation client.

En mai 2015, elle rejoint le cabinet du Premier Ministre Manuel Valls pour devenir Chef du pôle économique et digital, en charge des affaires économiques, budgétaires, fiscales, industrielles et numériques. Elle travaille sur des problématiques diverses telles que le prélèvement à la source, le Brexit ou encore la Loi République numérique relative à la protection et à l’accessibilité des données.

Elle quitte Matignon en décembre 2016 pour rejoindre l’Inspection Générale des Finances où elle dirige une mission sur les enjeux du véhicule connecté.

En avril 2017, Maud Bailly rejoint Accor où elle est nommée Chief Digital Officer, membre du Comité exécutif, en charge du Digital, de la Donnée, des Systèmes d’Information, de la Distribution, des Ventes et de l’Expérience Client au sens large (programme de fidélité, CRM, service client, marketing digital).

En mai 2018, Maud devient en parallèle membre du Conseil National du Numérique, un cercle de 30 personnalités nommées par le Ministre en charge du Numérique, pour travailler aux enjeux de la transition digitale en France et de ses impacts économiques comme sociétaux. Elle a notamment contribué à la rédaction du rapport « Travailler à l’ère des plateformes ; mise à jour requise ».

En octobre 2020, Maud devient Directrice Générale du Hub « Europe du Sud », avec pour mission d’opérer et de développer l’activité du Groupe en France, Espagne, Italie, Grèce, Portugal, à Malte et en Israël. Membre du Comité exécutif, elle est garante de la performance opérationnelle comme de la qualité de la relation clients et partenaires dans cette zone stratégique.

En plus de ses fonctions, Maud est très engagée dans des activités de coaching et d’enseignement sur les enjeux de performance, de leadership et de transformation digitale des organisations.

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