Michel Maffesoli, Gilets jaunes : Une contestation post-moderne ?

20. March - (18:30-20:00)
Fondation Del Duca, 10 Rue Alfred de Vigny, 75008 Paris

Série « Les Belles Feuilles »

Suite à la parution de son dernier ouvrage Être Postmoderne (Editions du Cerf, 2018), l’Institut Aspen France a eu le plaisir d’organiser une réunion privée autour de Michel Maffesoli le 20 mars 2019 sur le thème de « Gilets jaunes : une contestation postmoderne ? »

Cette réunion fut l’occasion de revenir sur les crises politiques et sociales que traversent nos sociétés contemporaines, notamment en partant du contexte de la crise dite des gilets jaunes ou plus largement de la montée des contestations populaires dans le monde occidental.

Michel Maffesoli, né le 14 novembre 1944 à Graissessac, Hérault, est un sociologue français. Ancien élève de Gilbert Durand, il est professeur à l’université Paris Descartes Sorbonne depuis août 1981.

Les premiers ouvrages de Michel Maffesoli datent de la fin des années 70 : dans un mouvement continu il analyse les changements qui conduisent de la société moderne structurée par la domination, la violence d’Etat, l’asservissement à des fins sans cesse reculées et le primat de la représentation à ce qui’il nommera pour la première fois, à la suite de J.F. Lyotard, la société postmoderne. (Le temps des tribus, 1988).

La pensée de Michel Maffesoli est descriptive et non pas prescriptive et, en ce sens, il ne développe ni attitude critique, ni discours politique. Il constate les invariants qui structurent l’imaginaire contemporain, s’inscrivant dans le sillon initié par son maître, Gilbert Durand.

Michel Maffesoli est un passionné des mots, de leur étymologie, de leur polysémie. Nombre des notions qu’il a ainsi « lancées » pour éclairer les comportements sociaux ont connu un succès correspondant à leur écho dans l’imaginaire collectif : le tribalisme, comme resurgissement des communautés à l’époque postmoderne est sans doute le plus connu, mais on peut citer bien d’autres occurrences : le nomadisme qui caractérise les jeunes générations, le primat du présent, de l’instant, l’importance de l’imaginaire, du rêve, un réenchantement du monde, mais également l’hédonisme (le dionysiaque), les émotions collectives, ce que l’on pourrait appeler une culture du sentiment commun.

C’est une pensée qui ne prétend jamais donner de la réalité une représentation objective, encore moins chiffrée, il s’agit plutôt de nous livrer des clefs pour comprendre, pour être en quelque sorte de plain-pied dans le présent. On a souvent l’impression en lisant des livres de Maffesoli de parcourir les rues de Paris ou de Sao Paolo, de Séoul ou de Mexico et de découvrir au coin de la rue ou sur la plage, les tribus urbaines, les effervescences populaires, le culte du corps et la versatilité des opinions qu’il décrit lui grâce à ses incursions dans les œuvres de Heidegger ou de Jung, de Saint Augustin ou de Joseph de Maistre. Mais Michel Maffesoli a également consacré une partie de ses ouvrages à une réflexion épistémologique : comment rendre compte d’un donné social où la froide raison a laissé la place à l’intuition et ce qu’il nomme la raison sensible.

Enfin, quelques ouvrages moins universitaires sont consacrés à des phénomènes de l’actualité : les « icônes » postmodernes, les caractéristiques d’un homme politique représentatif de l’époque.

Ses derniers ouvrages , en particulier Homo Eroticus approfondissent sa réflexion de jeunesse et ancrent les constats sociologiques dans leur substrat philosophique, dégageant ainsi ce qu’on pourrait nommer les archétypes de l’imaginaire postmoderne.

Michel Maffesoli a reçu le Grand Prix des Sciences Humaines de l’Académie Française en 1992 pour « La transfiguration du politique ». Il est Chevalier de la Légion d’honneur, des Palmes académiques, Officier du Mérite national et des Arts et Lettres, vice-président de l’Institut International de Sociologie fondé en 1893 par René Worms et membre de l’Institut Universitaire de France depuis septembre 2008.

Partager sur les réseaux sociaux